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Technique Dressage : Activité et Réactivité

02/10/2018
Technique Dressage : Activité et Réactivité

Activité et réactivité : comment les cultiver ? 

Activité et réactivité sont deux notions prévalantes dans le lexique du dressage. Complémentaires et chacune indispensables, il faut néanmoins veiller à subtilement les distinguer.

La réactivité aux aides d’impulsion, premier enseignement durant le débourrage, est la clé de l’apprentissage. À toute action du cavalier doit correspondre une réaction positive de son cheval. « Par l'identité de la répétition des aides et leur finesse se crée un véritable code dont le fonctionnement est bilatéral : message de l'homme au cheval et accusé de bonne réception du cheval à l’homme », illustrait le célèbre écuyer Michel Henriquet. Grand Prix Magazine vous propose quelques pistes de réflexion pour comprendre, évaluer puis améliorer la réactivité de votre partenaire.    

 

   

 

Convaincre plus que contraindre  

 

La réactivité est une réponse instantanée et proportionnelle à votre action de jambe. Le cavalier a pour mission de créer chez le cheval un réel désir de se porter vers l’avant. La difficulté consiste à inciter plutôt qu’astreindre cette réaction positive, à être persuasif sans être agressif.

Pour que votre action soit convaincante, soyez avant tout convaincu. En fermant vos jambes, ayez la certitude que le cheval va aller de l’avant. Votre état d’esprit est en partie responsable du résultat. Combien de chevaux réagissent aux aides de l’entraineur mieux qu’à celles de l’élèves ?

Ce n’est pas uniquement la nature de la demande qui diffère mais aussi la determination du cavalier. Le cheval doit y trouver un avantage, un certain confort.

Deux cas de figures se présentent à vous. Le premier, votre cheval réagit de façon immédiate et corrélative à votre demande. Relâchez la pression des jambes et gratifiez-le d’une caresse. Le second, il reste indifférent à votre action. Appliquez une action plus franche et ferme qui suffira à susciter sa concentration.    

 

Main sans jambes et jambes sans main  

 

Veillez à ne pas solliciter votre cheval de manière contradictoire. Le message que vous envoyez doit être clair. Rappelez-vous le « main sans jambes et jambes sans main » de François Baucher. De manière parfois inconsciente, le cavalier active le frein simultanément qu’il emploie l’accélérateur. Plutôt que de s’agripper aux rênes ou de basculer le buste vers l’arrière, il doit céder avec ses mains, entrouvrir la porte et contrôler son poids du corps pour favoriser la réactivité. Céder ne veux pas dire rompre le contact mais simplement le rendre plus moelleux. « Les aides délicatement accordées - mains sans jambes, jambes sans mains - font les chevaux précis et légers, les oppositions d'aides de propulsion à celles de direction ou de rétention créent des chevaux hésitants et braqués », développe Henriquet.

 

Plus tard néanmoins, le langage et la compréhension vont s’affiner et l’on pourra notamment envisager de « pousser sur une main fixe ». L’ « effet d’ensemble » trouvera alors son sens. « L 'effet d'ensemble, action quasi simultanée des aides de retenue et de propulsion, est-il en contradiction avec le « main sans jambes, jambes sans main » ? », s’interrogeait Henriquet.

Il conclue que ce rapprochement progressif des actions de mains et de jambes deviendra à terme intelligible pour le cheval. « Le cheval progressivement travaillé dans la recherche des translations de poids dans un sens ou dans l'autre par dissociation des actions de main et de jambe, accepte sans surprise le rapprochement progressif et étalé sur des années d'exercices, de ces actions ». Activité et réactivité prévalent. La mise en main est secondaire. « Au stade de la première éducation montée, la mise en avant devra s'effectuer sans aucune recherche de mise en main », rappelle Henriquet. « C'est le cheval qui doit prendre contact avec la main et non la main qui l'y force. C'est par l'impulsion provoquée qu'il doit être amené à se poser sur la main progressivement et en confiance. Lorsqu’aux trois allures, dans un équilibre horizontal, le cheval répondra au frémissement de la jambe, à l'engagement de l'assiette, au toucher amical mais précis de la cravache, on pourra aborder l'étape suivante (… ) Jusqu’à présent, on s'était contenté d'utiliser les aides de propulsion sans pratiquement y ajouter, même en alternance, les aides de relèvement, de flexion, de contention qui partent en partie de la main ».  

 

L’action de jambe est parfois imprécise et souvent insuffisante. Mieux vaut une action de jambe unique et prononcée appelant une réaction prompte qu’une série d’interventions insignifiantes et inefficaces. Une action de jambe ininterrompue va participer à désensibiliser le cheval, éteignant petit à petit sa réactivité. Il n’est pas question de soutenir son cheval à chaque foulée. Il doit au contraire se porter de lui même. Il arrive même que les sollicitations du cavalier soient involontaires. Évitez à tout prix les actions « réflexes » qui brouillent l’information et enrichissent la lassitude de votre cheval. Vous risquez de vous fatiguer inutilement tout en dégradant votre position.

 

Face à une absence de réaction, relâchez vos jambes et renouveler votre demande, de quoi sortir votre cheval de sa torpeur. À l’extrême, le frottement continue de la jambe expose le cheval à une blessure au niveau des éperons. Préférez monter un cheval froid avec un minimum de jambe afin de cultiver sa fraicheur.

Au contraire, maintenez les jambes au contact sur un cheval chaud qui aurait tendance à les fuir. Encadrez-le de vos mollets jusqu’à ce qu’il accepte pleinement leur présence, de quoi le rassurer tout en renforçant votre contrôle. Attention à ne pas confondre amplitude voir même activité avec réactivité. Votre cheval peut galoper grand ou dans une cadence rapide sans pour autant être authentiquement en avant de la jambe. Il est réactif s’il accélère l’activité de ses postérieurs, si vous pouvez varier le tempo à souhait. Récompensez-le aussitôt en desserrant toute pression des jambes et en le caressant.    

 

   

 

Les astuces à retenir   

 

  • La réactivité s’améliore et s’entretient. Accordez-y du temps lors de chaque séance. À force de répétition, votre cheval va gagner en autonomie.
  • Si votre cheval ne réagit pas correctement, il n’a tout simplement pas compris vos aides. Soyez plus précis.
  • À chaque cheval son action de jambes. Adaptez-vous à ses besoins.
  • À toute action, exigez une réaction.
  • Relâchez totalement les jambes suite à une réaction positive.
  • Une réaction est satisfaisante si elle est à 100%. Ne vous contentez pas de moins.
  • Demandez souvent et récompensez beaucoup.
  • Préférez une action ferme et brève à une pression constante.
  • Ne montez pas systématiquement avec la cravache. Vous risquez de créer dépendance et indifférence.
  • N’hésitez pas à utiliser le fameux « kick » de la championne olympique britannique Charlotte Dujardin. Si votre cheval vous ignore, osez une action de jambe nette sans craindre le galop voir même le désordre. 
  • Suite à votre action de jambe, le cheval doit poursuivre le mouvement en avant jusqu’à indication contraire du cavalier.
  • Veillez à la progressivité de votre demande. Commencez par une pression du mollet. En cas de réaction insuffisante, appliquez votre talon voire votre éperon. Une action nette captera l’attention de votre cheval qui deviendra plus attentif à vos jambes. Ces dernières pourront alors se faire plus discrètes.
  • Soyez convaincu et convainquant dans vos actions de jambes.
  • Pensez à distinguer vos actions de jambes selon la réaction escomptée. Si pour développer la taille des foulées vous appliquez une pression, essayez un « tac tac » double, bref et ferme pour   accélérer les postérieurs.
  • Préférez une réaction imparfaite à une absence de réaction. Ne vous contrariez pas si vous aviez prévu d’accélérer le pas et que le cheval part au trot. Répétez l’exercice avec patience jusqu’à obtention précise de la bonne réaction. 
  • La qualité d’une transition montante se prépare en amont du départ. Du pas au trot, si la pression du mollet est insuffisante, utilisez le « tac tac » pour éveiller le cheval puis redemandez tranquillement la transition.

     

Les transitions pour améliorer la réactivité

 

« La disponibilité à la mise en avant se crée et s'entretient principalement par les transitions, montantes et descendantes, dans chaque allure et d'une allure sur l'autre. Ce sont elles qui maintiendront les chevaux prêts à réagir, la monotonie dans les allures éteignant la sensibilité à la mise en avant. Une mise en avant involontairement trop dynamique, voire violente, qu'une main dure ne bloque pas, aura moins de conséquences négatives sur le comportement du cheval qu'une faible impulsion qui se heurte à une main qui retient », explique Henriquet.

Dès l’instant où vous vous mettez en selle, vous pouvez très simplement tester la réactivité au pas rênes longues. Sans vous soucier du contact et alors que votre position est intacte, vérifiez que le cheval réagit positivement sur vos jambes.  Poursuivez avec des transitions entre le pas et le trot. Diminuez progressivement le nombre de foulées de pas jusqu’à ne marcher qu’un seul pas. Restez au trot entre dix et vingt mètres entre chaque transitions, suffisamment pour enclencher le mouvement vers l’avant tout en maintenant l’effet de surprise et l’attention de votre cheval.

 

Augmentez la difficulté en alternant entre une foulée de pas et un arrêt en repartant le plus vigoureusement possible dans le trot. Tâchez de varier l’exercice afin d’éviter l’anticipation. Vous pouvez préparer une transition sans finalement l’exécuter. De temps à autre, restez un tour de piste entier au trot afin d’éviter la routine.

L’exercice doit demeurer surprenant et stimulant pour le cheval. Continuez avec des transitions entre le trot et le galop puis le pas et le galop. Lorsque vous êtes prêt, intégrez même quelques arrêts. Augmentez la subtilité et le niveau de difficulté en ajoutant de courtes transitions à l’intérieur de l’allure : trot rassemblé, trot de travail, trot moyen, trot allongé. Attention, l’objectif n’est pas le trot allongé mais la foulée de transition entre deux différents trots.    

 

S’il peut sembler stricte de corriger le manque de réactivité de votre cheval, souvenez-vous qu’une action isolée mais concluante est moins désagréable qu’une pression de jambe permanente.

En faisant systématiquement preuve de rigueur et d’exigence en termes de réactivité, votre cheval va rapidement devenir plus réceptif et autonome. Restez cohérent dans votre approche et il comprendra mieux votre demande. Communication, relation et résultat n’en seront que meilleurs.

 

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