Début août lors des Championnats du Monde des jeunes chevaux à Ermelo aux Pays-Bas, nous avons frissonné devant l’extravagance de certains cinq et six ans décrochant jusqu’à la note de 10/10. Malgré tout, veillons à ne pas tomber dans le piège : un bon trot c’est bien, un bon galop c’est mieux ! Le champion olympique britannique Carl Hester rappelle d’ailleurs régulièrement que le pas et le galop sont les allures les plus importantes pour être performant en Grand Prix.
Le calcul est simple puisque la répartition des notes compte cinq exercices au trot contre neuf au galop. D’autre part, entraineurs et cavaliers s’accordent souvent à dire qu’il est plus facile d’améliorer un trot médiocre qu’un galop défaillant.
Charlotte Chalvignac, récemment couronnée championne de France Pro Élite et sélectionnée en équipe de France pour les championnats d’Europe 2019 à Rotterdam, nous livre ses impressions sur l’importance d’un bon galop.
Contrairement au trot, le galop est une allure dite « asymétrique », le poser des membres y étant différent selon que l’on galope à droite ou à gauche. Alors que le pas compte quatre temps et le trot deux, l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation défini le galop comme une « allure sautée à trois temps suivie d’une phase de suspension ».
Au galop à droite, le mécanisme est le suivant : postérieur gauche, diagonal gauche (antérieur gauche et postérieur droit), antérieur droit suivi d’une phase de projection ou suspension. On parle aussi d’une allure « basculée » puisque « le corps du cheval a la croupe et le garrot qui montent et descendent alternativement au cours de la foulée ».
Si les temps du galop sont parfois difficiles à percevoir pour l’oeil humain, ils sont plus faciles à entendre sur un sol ferme. On parle de galop « à quatre temps » si le poser du diagonal est décomposé, c’est à dire que l’antérieur et le postérieur touchent le sol séparément. Notez que le changement de pied en l’air correspond au passage d’un galop à l’autre.
« À la fin du troisième temps de la foulée, quand le cheval a les deux postérieurs levés, il commence à les inverser et au début du premier temps de la foulée suivante, il finit d’inverser les antérieurs ».
Dans la finale du championnat du monde 2019 des jeunes chevaux de cinq ans, le point commun entre les trois médaillés Jovian, Secret et Queenparks Wendy est d’avoir obtenu la note de 10/10 au galop.
Dès le plus jeune âge, il est possible d’évaluer les capacités et estimer les perspectives. « Pour tester l’aptitude d’un jeune cheval, je multiplie les transitions à l’intérieur du galop », explique Charlotte Chalvignac.
Maintient-il l’équilibre sur les hanches lorsque la foulée s’agrandit ? Le rythme des trois temps est-il dégradé au galop rassemblé ? Peut-il gagner en amplitude sans précipiter ?
« Je me méfie toujours d’un galop trop grand ». Il pourra s’avérer difficile à rassembler à l’avenir. Il ne s’agit donc pas uniquement d’évaluer l’amplitude et l’expression mais également la faculté à prendre du poids sur les hanches en maintenant l’engagement, la dynamique des postérieurs et la souplesse du dos. « Dans le galop je recherche avant tout une bonne élasticité et activité, un rythme clairement à trois temps et de l’équilibre ».
Avancer dans les niveaux en intégrant de nouveaux exercices sans que ces éléments fondamentaux ne soient acquis mettra en péril la bonne exécution des mouvements. Force est de constater qu’un galop à quatre temps produira difficilement des changements de pied en l’air en un temps et qu’un cheval sur les épaules réalisera avec peine une transition du galop au pas.
Il faut néanmoins distinguer le galop rassemblé de celui de la pirouette, nettement plus sur place. Attention, galop rassemblé ne veut pas dire galop ralenti ! Il est important de conserver la puissance et l’activité des postérieurs lorsque la taille des foulées raccourcit. Le cheval doit rester en avant de ses traces, les postérieurs bien décalés l’un de l’autre. À l’inverse, galop allongé ne soit pas être associé avec perte d’équilibre, prise de vitesse et horizontalité.
Si votre cheval devient chaud au galop, il y a certainement une bonne raison. Un comportement systématiquement explosif peut être le moyen d’exprimer une douleur, un mal de dos par exemple. Peut-être votre cheval manque-t’il d’exercice ou de temps libre en liberté au paddock pour extérioriser son surplus d’énergie ? Les temps froid et pluvieux comme les atmosphères électriques ou éléments extérieurs surprenants peuvent aussi rendre votre cheval joueur.
Si son excitation vous intimide, n’hésitez pas à le galoper à la longe avant de vous mettre en selle. Une longue détente au trot va permettre de l’échauffer et de le mettre devant les jambes. Cercles, transitions trot-pas et cessions à la jambes vous aideront à préparer un départ au galop. Sur un grand cercle, multipliez les transitions entre le galop et le trot. Retrouvez la décontraction dans le trot avant de demander le départ au galop. Les séquences au galop peuvent être courtes si votre appréhension est paralysante mais assurez-vous de monter votre cheval vers l’avant lorsque vous osez galoper. Le fait de se sentir retenu par les mains risque de l’encourager à fuir d’avantage. Au contraire, la marche avant est votre outil principal pour reprendre le contrôle sur un cheval excité. Mieux vaut ne pas galoper du tout que de ratatiner et coincer un cheval contracté.
Envie de mieux comprendre le galop à faux ? Cet article va répondre à toutes tes questions !