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Technique Dressage : l'arrêt

31/05/2020
Technique Dressage : l'arrêt

L'arrêt : le point de départ de toute reprise de dressage. Comment le réussir ? Nos conseils !

 

L’arrêt : un mouvement sans mouvement

 

S’il apparait au moins une fois dans chacune des reprises de dressage, l’arrêt met à l’épreuve bon nombre d’éléments caractérisant l’éducation du cheval. Y sont testés simultanément la perméabilité et réactivité aux aides, l’équilibre et le rassemblé, l’impulsion et l’immobilité. Isabelle Judet, juge internationale 5* complète de son oeil de juge quelques écrits pertinents du regretté Michel Henriquet.  

Des transitions fluides de l’une des trois allures à l’arrêt et de l’arrêt au pas, trot ou galop sont l’illustration d’une faculté à s’asseoir, s’engager et se propulser.

 

Un bon arrêt est en ligne et carré, les quatre membres soutenant de façon égale le poids du cheval.

 

S’il manque d’équilibre, le cheval risque de basculer trop de poids sur l’avant main, détériorant ainsi la qualité du contact. Il doit rester à la fois parfaitement immobile et décontracté, attentif à son cavalier et prêt à repartir instantanément à tout moment. 

 

L’arrêt, comme toute autre figure de dressage, se prépare bien en amont.

 

La clé réside en la justesse de l’allure dans la préparation. La taille des foulées diminue alors qu’activité et rectitude sont maintenues. En un mot, le cheval doit être rassemblé pour espérer obtenir un arrêt parfait. « La conception que l'on doit en avoir maintenant n'est plus celle de l'arrêt repos ou de l'arrêt simple immobilité régulière, mais celle de l'arrêt dans lequel toutes les forces du cheval sont concentrées et prêtes à l’emploi », écrivait Michel Henriquet.  « C'est l'arrêt rassemblé dont La Guérinière dit que les avantages sont ‘de rassembler les forces du cheval, de lui assurer la bouche, la tête, les hanches, et de le rendre léger à la main’, l'arrêt pris à n'importe quel instant et à partir duquel peuvent être abordés toutes les allures et tous les airs ». 

 

  

La transition descendante ne doit pas être graduelle mais l’arrêt abrupt est à proscrire. L’objectif est de poser le cheval dans l’arrêt.

 

« Si la transition doit être claire, elle ne doit en aucun cas être heurtée », élabore Isabelle Judet. « Combien de chevaux, manquant d’équilibre, passent par le trot ou sont contraints, pour s’arrêter directement du galop, d’effectuer un freinage digne des plus grands moments des galopades du western. Ceci n’a rien à voir avec la transition que nous recherchons, reflet de l’équilibre et preuve de la compréhension et de l’attention aux aides du cavalier ». En compétition, à moins d’une précision sur le protocole, l’arrêt ne devrait pas être progressif. Le cas échéant, l’arrêt doit se faire directement du trot ou du galop, sans foulée de pas.   

Il est indispensable de monter l’arrêt dans le mouvement en avant, de conserver l’impulsion dans la transition descendante. Si l’arrêt se fait seulement avec le frein, le cheval risque de s’ouvrir derrière voire de laisser trainer un postérieur. Or, l’arrière main devrait s’engager et s’accélérer davantage en réponse à la demi parade qui prépare la transition vers l’immobilité. Plus le niveau des reprises augmente, plus l’entrée en A devient difficile. Pour l’arrêt depuis le galop rassemblé, Henriquet explique que l’on recherche quasiment la  « surimpulsion » du cheval, c’est à dire qu’il augmente son activité derrière dans un galop qui se rassemble à l’approche de la transition.

 

Les aides de l'arrêt

 

L’assiette comme la ceinture abdominale du cavalier participent à l’exécution de demi parades efficaces (voir TD dédié) provoquant « le ploiement des hanches, donc leur abaissement, et un relèvement de l'avant-main. C'est sur un demi-arrêt appliqué lorsque les foulées du galop sont devenues les plus courtes et légères possible, et avec un relâchement des jambes que se réalisera le bel arrêt rassemblé du galop »

Pour que le contact reste moelleux et la mise en main stable, votre action doit être mesurée et brève, le cheval risque sinon de s’appuyer sur le mors, son équilibre basculant sur les épaules. Le contact, parfaitement égal sur les deux rênes, assure une rectitude irréprochable. Le cheval risque de se traverser s’il n’est pas symétrique dans son rapport à la main. Paradoxalement, il ne doit pas débrayer pour s’arrêter. Au contraire, il doit rester en avant de la jambe car si l’impulsion lui manque, la rectitude en pâtira. Il faudra alors le remettre en avant puis préparer une nouvelle transition quelques foulées plus loin.

 

Une chose est sure, si le cheval n’évolue pas en ligne droite dans l’allure précédent l’arrêt, peu de chance qu’il soit carré.

 

Épaules et hanches doivent se déplacer sur une même ligne. Si un postérieur traine, la jambe du même côté devra le rappeler. Un arrêt imparfait doit systématiquement être corrigé. À force de répétition, le cheval gommera la possibilité d’un arrêt incorrect. Le moindre ajustement de sa part devra être félicité.  

 

 

Dans l’arrêt, la position du cavalier doit demeurer parfaitement immobile, mains basses vers la bouche du cheval. Le buste est droit, ne recule pas derrière la verticale. Les jambes sont descendues, haut du corps grandi, poumons gonflés d’air, regard droit.

La préparation de la transition descendante doit se faire dans la recherche d’équilibre. « Tout le corps y contribue », détaille Henriquet. « L'engagement du rein et l'enveloppement des jambes en même temps que les demi-arrêts donnés sur la rêne extérieure alors que la main intérieure maintient le contact du côté concave pour éviter l'inversion du pli. Le demi-arrêt ne doit jamais être prolongé. En cas d'échec ou de résistance, il faut remettre le cheval en avant et réitérer le demi-arrêt sans tension prolongée des rênes ».

Si la qualité de l’arrêt réside dans la préparation et la justesse de l’allure le précédent, le départ dans la transition montante lui succédant est tout aussi importante. Dans le départ au trot, il ne s’agit pas de lâcher le contact, perdant la connexion, laissant le cheval dans le vide. Il est cependant nécessaire d’ouvrir la porte tout en conservant le bénéfice d’un bon arrêt.

À Michel Henriquet de rappeler que « pour le départ : action simultanée, précise et légère des deux jambes, liée à l'engagement des lombaires qui produisent une avancée du bassin. Nos avant-bras solidaires du bassin s'avancent d'autant, ce qui suffit à libérer, en la canalisant, une partie de l'impulsion contenue dans l'arrêt rassemblé. Lorsque dans le départ, le cheval tente encore de sortir de la main ou de s'y appuyer, demi-arrêt sur la rêne extérieure pour rétablir l'arrêt complet rassemblé. Le départ doit s'effectuer de pied ferme, droit et sans un pas intermédiaire. Le préparer au piaffer facilite la première foulée diagonalisée du trot presque sur place avec l'engagement de l'arrière-main. Le test de qualité du départ au trot réside aussi dans le maintien immuable du rassembler sans que la tête ni l'encolure ne modifient leur attitude par le moindre mouvement ».

  

Approfondir l’immobilité 

 

Le cheval doit patienter dans l’arrêt et ne repartir que sur une action de jambe dédiée. À l’entrainement, lorsqu’il est carré et immobile, habituez votre cheval à attendre le signal : donnez lui progressivement les rênes jusqu’à les tenir à la couture. Tant que vous ne donnez pas le code de la marche avant avec vos jambes, le cheval doit rester sur place. C’est un exercice intéressant à répéter régulièrement afin d’améliorer son immobilité et sa concentration. Il est essentiel de différencier un cheval trépidant d’inquiétude d’un cheval derrière la jambe refusant la constance de l’arrêt. 

 

1/ Le cheval piétine fébrilement, impatient de repartir vers l’avant.

Il se peut que l’immobilité l’inquiète ou lui demande un effort trop important. Prenez votre mal en patience, répétez l’exercice. Acceptez dans un premier temps un arrêt imparfait, favorisant le calme et la fixité des membres. Rassurez votre partenaire, caressez-le, parlez-lui. Progressivement, il gagnera en impassibilité.

 

2/ Le cheval semble serein mais recule.

Il n’est manifestement pas dans le mouvement en avant. Corrigez immédiatement cette tendance au repli, n’hésitez pas à repartir franchement vers l’avant au pas voire même au trot. 

 

L’arrêt au carré

 

La difficulté en selle est de sentir si le cheval est ou non arrêté carré. Pour commencer, il peut s’avérer utile d’associer son sentiment au retour d’une personne à pied. Les chevaux s’arrêtent souvent de la même manière dans une situation identique. Par exemple, sur la piste à main gauche à partir du trot, il peut avoir tendance à écarter le postérieur gauche qui n’est pas canalisé par le pare-bottes. Ou encore dans l’entrée en A au galop à gauche, le postérieur droit traine en arrière. Si un même cas de figure se répète, le cavalier est amené à renforcer la jambe adéquate. En jetant un oeil aux épaules dans l’arrêt, il pourra constater le décalage des antérieurs. Assis de travers, fesse droite plus basse, il est probable que le postérieur droit soit désengagé.

Pour le juge, il existe différents degrés dans l’évaluation d’un arrêt pas d’aplomb. Soit aucun membre n’est placé correctement, soit il existe seulement un léger décalage de l’un des postérieurs ou encore les postérieurs sont en ligne mais écartés.

  

L’arrêt dans les rênes

 

Michel Henriquet constatait qu’il « faut maintenant que nos arrêts, quels que soit l'allure ou l'air dans lequel il est demandé, s'exécutent dans une parfaite mise en main ». Il est tentant pour le cheval d’arracher les rênes, manifestation de sa difficulté à conserver l’engagement, la rectitude, le rassemblé et la connexion tout en restant sur place. Le cavalier doit pouvoir céder sans que la décontraction de son haut du corps ou l’avancée de ses mains n’autorisent un départ en avant.

Plus la préparation sera bonne, meilleur sera le contact dans l’exercice. Agiter les mains pour corriger une bouche ouverte ou une nuque qui s’affaisse ne serait qu’un arbre pour cacher la forêt. C’est en amont de l’arrêt qu’il va falloir, par une gymnastique minutieuse, améliorer le fonctionnement globale du corps équin. Isabelle Judet rappelle que « durant la transition, l’arrêt et le départ le cheval doit rester dans l’attitude correcte c’est à dire la nuque étant le point le plus haut, le chanfrein légèrement en avant de la verticale, le contact moelleux et la bouche fermée ».

 

3 conseils à retenir

  

1/ Pas de transitions galop/arrêt si les descendantes galop/pas et trot/arrêt ne sont pas parfaitement maitrisées. 

 

2/ Les chevaux sont des animaux d’habitude : ils ne font pas la différence entre l’arrêt de votre entrée de reprise et l’arrêt pour papoter ou pour mettre pied à terre. En conséquence, soignez tous les arrêts sans exception. 

 

3/ Ne vous arrêtez jamais précisément au même endroit afin de lutter contre l’anticipation. Sur la ligne du milieu de A à C notamment, repoussez systématique l’arrêt d’entrée et de sortie de reprise de quelques mètres. Montez parfois la ligne du milieu en préparant l’arrêt mais sans le faire effectivement. 

 

Isabelle Judet nous explique le jugement de l’arrêt

 

Si les arrêts sont rarement récompensés par les juges d’excellents scores, c’est que la notation  prend en compte de nombreux facteurs. La définition de l’arrêt parfait est facile à donner. Cependant, il ne faut pas oublier d’y inclure, comme stipulé sur le protocole, ce qui précède et ce qui suit. Quand il s’agit de l’entrée ou de la sortie, la qualité de l’allure précédant l’arrêt, la rectitude du cheval, la précision de l’emplacement de l’arrêt entreront en ligne de compte au même titre que ce dernier. Concernant l’entrée, le départ, sa franchise, sa rectitude et la qualité du trot qui suit seront autant d’éléments à évaluer.

 

Comment obtenir un 10/10 sur l’entrée au galop rassemblé dans une reprise de dressage ?

Qualité du galop, rectitude, correction de la mise en main, moelleux de la transition, précision par rapport à la lettre, poser et alignement des quatre membres, immobilité respectée, franchise du départ, qualité et rectitude du trot.

 

Les défauts qui feront baisser la note seront sanctionnés en fonction de leur gravité.

L’absence d’immobilité voire même le reculer dans l’arrêt ainsi que de grosses défenses font partie des plus lourdement pénalisés. À un moindre degré mais également de façon dégressive feront baisser la note initiale : le manque de précision, de rectitude, de netteté dans les transitions, une bouche ouverte, une nuque qui se descend, un chanfrein qui se ferme, un cheval contre la main.

 

Envie d'en savoir plus sur le jugement de l'arrêt ? Retrouvez plus de détails dans notre article Conseil de Juge n°65 : l'arrêt.