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Technique Dressage : Gérer sa détente

08/08/2020
Technique Dressage : Gérer sa détente

Voici quelques conseils pour approfondir vos détentes en multipliant les transitions, les associant à une série d’étirements latéraux et longitudinaux.

 

Chaque mois, retrouvez les Technique Dressage de Camille Judet Chéret dans Grand Prix Magazine.

Alors que nous entamons la phase tant attendue de déconfinement, vous êtes nombreux à pouvoir regagner la route des écuries pour retrouver votre cheval et reprendre l’entrainement. Bien entendu, cette reprise va devoir être progressive, permettant au cheval de reconstruire tranquillement sa musculature, son souffle, sa souplesse tout en ménageant son physique et son mental. Après huit semaines de confinement sans activité sportive, l’athlète ne va pas courir le marathon, le footballeur ne va pas jouer un match de quatre vingt dix minutes et votre cheval n’est pas prêt à dérouler sa reprise de dressage.

 

Cette phase va permettre de vous remettre en selle en partant sur des bases saines, concentrant vos efforts sur le contrôle de l’allure, de l’attitude, de la rectitude et de la trajectoire.

Voici quelques conseils pour approfondir vos détentes en multipliant les transitions, les associant à une série d’étirements latéraux et longitudinaux.

 

Tout d’abord, prenez le temps de marcher longuement au pas en main.

 

Si votre cheval sort du boxe, ce temps d’échauffement est absolument nécessaire. Voici également l’occasion de tester sa concentration. Attention, il s’agit là d’une marche active destinée à mettre en route votre partenaire, pas question de trainer les pieds en zigzagant de droite à gauche. Explorez tous les recoins de la piste en vous attardant sur des zones qui pourraient poser problème, marchant à l’épaule du cheval qui doit calquer sa vitesse sur la votre. Dès lors qu’il semble échapper à votre contrôle, arrêtez-vous, captez son attention.

C’est la première étape de votre entrainement, elle va donner le ton au reste de votre séance. Ces dix minutes de marche soutenue vont permettre de vous mettre en jambe. Alors que le pansage vous oblige déjà à quelques étirements (se plier pour curer les pieds ou se grandir pour brosser le dessus de la croupe), ces tours de piste vont réveiller vos muscles et préparer votre respiration. Profitez-en pour ajuster la sangle au fur et à mesure afin que votre cheval soit à l’aise sous la selle.

Vous êtes prêt pour la seconde étape.

 

Il est temps de mettre pied à l’étrier, de préférence avec un marche pied pour préserver le dos du cheval tout en évitant de désaxer la selle.

 

S’il est suffisamment décontracté, marchez encore quelques tours rênes longues, vous contentant de maitriser la trajectoire (tour complet de la piste à chaque main) et la vitesse (postérieurs actifs). Dans un premier temps, n’accordez aucune importance à la mise en main. Celle-çi deviendra une préoccupation sitôt les rênes ajustées.

En cas de difficulté à conserver le pas, si votre cheval trottine, se montre distrait voire indiscipliné, se place totalement contre la main, passez directement à la phase suivante en prenant du contact. Par sécurité, sur un jeune cheval, préférez marchez rênes longues en fin de séance uniquement.

Lorsque vous remontez sur les rênes, le cheval doit immédiatement venir sur la main, d’abord nuque basse et chanfrein sensiblement devant la verticale. Cette orientation d’encolure permet d’étirer sa ligne dorsale. Le cheval doit se poser avec confiance sur le mors, fidèle au contact. Vous devez dors et déjà sentir un rapport franc, sans que le cheval ne tire ou ne lâche. Pour obtenir cette qualité de relation avec la bouche, le cheval doit être dynamique, postérieurs énergiques et engagés.

Selon son âge et niveau, il est possible à ce moment d’intégrer quelques exercices latéraux, de quoi débuter une gymnastique d’assouplissements : épaules en dedans avec un angle modéré, cession à la jambe avec peu de croisement, grande hanches en dedans, appuyer couvrant toute la longueur … Saisissez l’opportunité de vérifier si votre cheval est dans les aides, réactif à vos jambes, franchi dans votre couloir de rênes, canalisé par votre main et mollet extérieurs, réceptif à vos demandes de flexion/incurvation. Lorsque vous le sentez à la fois attentif et malléable, souple et connecté, il est temps de passer à l’allure supérieure. 

 

Prévenez votre cheval d’un départ au trot imminent en testant au préalable sa réactivité.

 

Au contact de vos jambes, le cheval doit manifestement se propulser vers l’avant. L’idée est ensuite « d’entre ouvrir la porte » pour l’inciter à cette transition : vos épaules s’avançant subtilement et vos bras restent souples afin d’autoriser le mouvement dynamique. Ne lâchez pas pour autant totalement le contact au risque de perdre la mise en main.

Bien qu’une détente au galop soit mieux adaptée à certains chevaux, prenez néanmoins le temps de trotter quelques foulées dans l’optique de vérifier la régularité de votre partenaire. Vous pourriez jusqu’ici être passé à côté d’une gêne perceptible uniquement à cette allure. Ayant l’envie de déplier votre cheval dans une attitude basse et ronde tout en conservant contact, connexion, rondeur. Il n’est pas question de le laisser flâner librement, nez au vent.

Lorsque vous vous étirez, bras tendus verticalement au dessus de la tête ou au contraire plié en deux pour toucher vos pieds, l’exercice n’est efficace qu’à condition de d’aller chercher le plus loin possible avec vos extrémités en vue de provoquer d’avantage d’étirement. Il en est de même pour le cheval qui doit pousser sur les rênes pour solliciter l’engagement de la ligne du dessus dans son intégralité. Il ne s’agit pas de s’appuyer sur la main mais bel et bien de se tendre vers le mors. L’activité insufflée aux postérieurs encourage l’engagement de l’arrière main qui à son tour, par un effet de ricochet, stimule la mobilisation de la croupe et du dos, articulant l’encolure à venir se franchir, bouche du cheval cédant sur la main.

Optez pour une allure dite « de travail », couvrant du terrain. Simplifiez votre trajectoire, alternant entre lignes droites et cercles de vingt mètres. Le trot enlevé est de rigueur voire même le galop en suspension. En vous allégeant, vous libérez le cheval, donnez l’occasion au dos d’onduler. 

 

Après quelques minutes à chaque allure réparties également entre les deux mains, une fois le cheval enclenché dans le mouvement, le foisonnement de transitions est de mise.

 

Entre et à l’intérieur de l’allure, multipliez les variations en premier lieu sur un cercle dont vous contrôlez parfaitement la trajectoire puis en ligne droite.

 

Pas - trot ; trot - pas ; trot - galop ; galop - trot. Laissez suffisamment de distance pour que le cheval s’installe avec confiance dans l’allure supérieure avant de demander la transition suivante. Si les transitions sont harmonieuses et nettement dans l’impulsion, rapprochez vos demandes. Les transitions trot-pas-trot sont l’un des outils les plus bénéfiques à votre disposition.

Depuis un trot actif, diminuez la taille des foulées jusqu’à tomber dans un pas rassemblé le temps d’une paire de foulées seulement avant de demander le trot à nouveau, gardant les postérieurs sous la masse. Ainsi vous améliorez le fonctionnement de la demi parade et la réaction au jambes, améliorant l’engagement, l’abaissement des hanches, la flexibilité du rein et le port de l’avant main.

 

Dans la continuité, affinez votre recherche en intégrant quelques foulées de trot rassemblé à l’intérieur du trot de travail et déclinez ce processus au galop.

 

N’hésitez pas à intégrer des voltes qui vous aideront à ajuster la taille des foulées sans tirer sur les rênes. Alors que vous conserver l’impulsion, la courbe resserrée favorise naturellement la prise de poids sur les hanches. Rythme et équilibre doivent être maintenus alors que l’amplitude varie.

Vous pouvez développer la foulée sur le grand côté puis la raccourcir progressivement pour les passages de coin. Attention à ne pas subir d’accélération à l’abord de la transition montante ni de voir le cheval freiner en revenant à l’allure précédente. Contrôle de l’allure et réactivité sont les maitres mots de votre échauffement. La moindre action propulsive du cavalier doit recevoir une réaction instantanée.

Si la pression de votre mollet reste sans conséquence, osez l’intervention du talon. La détente est l’occasion d’accorder vos violons pour le reste de la séance. Définir clairement les règles (réactivité, contact, rectitude) permettra par la suite de se concentrer plus sereinement sur les exercices. 

 

Veillez à conserver une attitude constante, hauteur de nuque stable et longueur d’encolure définie.

 

En aucun cas le cheval ne doit tirer sur son nez dans les départs ni enfermer son cadre, rétrécissant l’angle tête encolure, lâchant le mors dans les transitions descendantes. L’attitude, sujet parfois tabou, est pourtant un élément central de l’entrainement. Elle ne doit jamais être le fruit d’une main qui tire. Hauteur de nuque et position de chanfrein sont le fruit de la réponse aux aides, de l’impulsion et de l’ajustement de l’amplitude.

Si vous ne parvenez pas à contrôler la mise en main de votre cheval, questionnez-vous sur l’engagement de ses postérieurs et la souplesse de son dos. L’important est de varier régulièrement le cadre, d’en être totalement maitre et d’éviter les excès.

Votre cheval a tendance à se creuser en se plaçant trop haut : travailler plus régulièrement la nuque basse avec une encolure arrondie ; à l’inverse il a du mal à se tenir : évitez un début de séance en stretching trop allongé qui risquerait de faire basculer l’équilibre sur les épaules. 

 

L’ensemble des trois allures exploré, vous pouvez envisager d’inclure du travail latéral au trot enlevé et au galop.

 

Cette étape et la précédente sont interchangeables en fonction des dispositions et caractéristiques du cheval. S’il manque d’activité, commencer par les transitions devrait le stimuler, éveillant son attention, testant ses réflexes et sollicitant sa mobilité. Au contraire s’il est plutôt chaud, les cessions au trot vont le préparer au contact des jambes avant le premier départ au galop.

En abordant le travail latéral, favorisez le mouvement vers l’avant au croisement puis augmentez progressivement la difficulté. Débutez par de longues cessions à la jambe, légère flexion de la ganache, épaules devant, de la ligne du milieu à la piste sur l’ensemble des soixante mètres. Au fur et à mesure, croisez d’avantage pour finalement suivre l’une des grandes diagonales d’un bout à l’autre du rectangle.

 

Une fois votre détente complétée, vous pouvez choisir de terminer votre séance au pas ou d’entreprendre la préparation d’un exercice en fonction de votre disponibilité et du planning hebdomadaire de votre cheval.

 

Bien entendu l’intensité doit respecter la forme du cheval, commençant tranquillement pour ensuite aller crescendo de jour en jour.

 

Cette partie de l’entrainement ne doit être ni négligée ni bâclée, le temps d’échauffement étant incompressible. Dans l’hypothèse où vous auriez peu de temps devant vous, contentez-vous d’une détente bien construite plutôt que d’exiger trop tôt des mouvements à froid.  

 

Besoin d'un récapitulatif ? Notre article Bien construire sa détente est ce qu'il vous faut !