Besoin d'aide ?

Technique Dressage : rester motivé en hiver

09/07/2019
Technique Dressage : rester motivé en hiver

Se motiver pour monter à cheval en hiver !

 

L'hiver est une saison difficile pour les cavaliers. Il fait froid, il pleut, il neige. En ouvrant les rideaux le matin, on préférerait souvent rester sous la couette plutôt que d'enfiler des collants, bonnets et gants pour sortir affronter le mauvais temps. Pourtant, comme le reste de l'année, nos chevaux nous attendent et il faut trouver la motivation d'aller leur consacrer le temps qu'ils méritent ... et avec le sourire !

 

 Quatre jeunes cavalières membres de l’équipe de France ayant participé aux Championnats d’Europe de Fontainebleau en 2018 partagent leurs astuces pour relever le défi de monter en hiver. Témoignages d’Eugénie Burban, Capucine Noël, Mado Pinto et Ella Lostria.     

 

Les cavaliers prennent souvent la route des écuries alors qu'il fait encore ou déjà nuit. Il arrive que le vent souffle de manière affolante, faisant grincer les arbres et s'éparpiller le foin et la paille dans les allées. En plus de supporter le froid, il faut affronter la vision d'une écurie humide et sombre. Parfois le gel vient ajouter à la difficulté, obligeant à adapter son planning pour prendre la route en toute sécurité. Ajoutons à cela la tentation d’un dimanche au coin du feu, entre amis ou en famille.

 

Pourtant, nous autres cavaliers avons une famille bien particulière qui nous attend aux écuries.

 

Notre cheval bien sur, mais aussi nos voisins de boxe qui partagent notre passion, celle qui nous pousse à nous lever tôt, à nous habiller chaudement et aller passer un week end à la campagne ! Pour certains cavaliers, c’est même une motivation quotidienne qu'il faut trouver dès la sonnerie du réveil. « Je prends toujours un solide petit-déjeuner le matin avant de monter », confie Eugénie. La jeune cavalière ajoute que la première règle pour sortir de la maison avec le sourire chaque matin est d'être bien équipé ! Il n'y a rien de pire que de commencer la journée en ayant le sang gelé.

 

Le même constat est valable pour les chevaux. S’il faut veiller à ne pas les couvrir avec excès, Ella rappelle l’importance d’avoir des animaux maintenus au chaud durant la nuit. Prenez en compte la nature de la litière et l’architecture des boxes. Couvrez vos chevaux d’avantage la nuit que le jour lorsque la température remonte. En ce qui vous concerne, quelques couches de manteaux plus loin, vous êtes enfin prêts à braver le froid ! La récompense est immédiate : le hennissement des chevaux qui se réjouissent de déjeuner ou de recevoir une carotte nous met le moral au beau fixe ! Le fait de savoir notre présence indispensable pour que nos amis quadrupèdes passent une belle journée motive. Dès la première roulade dans la boue d'un paddock, on réalise qu'il y a vraiment une bonne raison d'avoir quitté l'oreiller. Si vos chevaux sont habitués à sortir au pré régulièrement, ce ne sont pas quelques flaques qui diminuent le plaisir ou augmentent le danger. Il suffira de prendre votre courage à deux mains pour le pansage suivant.

 

Son enthousiasme, Capucine le reçoit aussi de son cheval. « Le sentir motivé et énergique me booste ». Un cheval frais et reposé, requinqué par l’absence de compétitions, est prêt à repartir pour une nouvelle saison. « La période hivernale doit-être aussi une période de récupération physique et mental pour les chevaux », estime Eugénie. « C’est l'occasion de faire un check-up complet avec le vétérinaire, le dentiste voire même d'adapter l’alimentation ». Certains soins peuvent être recommandés par un spécialiste afin d’aider à la récupération ou préparer la saison suivante de manière optimale. « C’est aussi le moment où je vais faire vérifier ma selle et régler des petits détails sur mon équipement », précise Capucine. Voici par exemple l’occasion de mettre la bride pour la première fois ou de tester un nouveau mors.    

 

Si les étirements sont fortement recommandés pour les sportifs, il est d’autant plus utile de préparer son corps à l’effort par temps froid. « Je m'échauffe à terre avant de mettre le pied à l'étrier. Je m'oblige à ces échauffements car après un écart à froid au début d'une séance, je me suis blessée à un adducteur ». Ce qui est vrai pour le cavalier l’est aussi pour le cheval, Eugénie l’a bien compris. « Je prends plus de temps surtout lorsqu'il fait froid pour marcher et faire un peu plus d'exercices d’assouplissements ». Capucine revient sur l’importance à la fois du réchauffement et de l’échauffement, indissociables. « Lors de la préparation, je garde mon cheval couvert avec une voire deux polaires ou s’il fait vraiment très froid, je mets le solarium pour garder ses muscles chauds ». Pensez à découvrir votre cheval au même rythme que vous vous déshabillez. Si vous ôtez votre manteau, profitez-en pour lui retirer son couvre rein. « En début de séance, je le marche couvert environ quinze minutes avant l’échauffement au trot. Je me concentre sur tous les exercices de gymnastique et d’assouplissement afin de garder mon cheval en bonne forme physique ».    

 

Par temps froid ou venteux, il peut arriver que les chevaux soient plus anxieux ou agités.

 

Mado rappelle qu’il n’y a pas de honte à longer un cheval un peu contracté avant de mettre le pied à l’étrier, même un cheval d’âge que l’on connait par coeur et qui est généralement calme.    

 

Eugénie monte essentiellement les étalons du Haras du Feuillard. Puisqu’ils sont également reproducteurs, ils ont tendance à être plus concentrés et tranquilles en hiver, en dehors de la saison de monte. « Lorsque je rencontre des problèmes de concentration avec un cheval, j'essaye de l'intéresser sur un mouvement technique en alternant le plus possible les allures avec des transitions montantes et descendantes ». Occuper l’esprit de son cheval, détourner son attention du contexte et de son excitation en sollicitant son attention sur un exercice bien particulier va le reconcentrer.  

 

Il est parfois difficile de garder le même engouement à l'entrainement que durant la saison de concours.

 

Les échéances de compétition fixent tout naturellement des objectifs. Pour Capucine, la clé est de garder à l’esprit ses objectifs à cours et long terme. Elle évoque la volonté d’évoluer et de progresser en vue de la saison suivante en gardant un cap et souligne l’importance d’être entouré par une équipe qui partage la même motivation. « Il est essentiel de fixer avec son entraineur un programme d’évolution qui inclut le travail d’hiver », souligne Eugénie. « Dès la fin décembre, nous déterminons ensemble les objectifs de la saison à venir et le programme des concours ».

 

Capucine suggère de rester focaliser sur la performance en déroulant les reprises de l’année suivante une à deux fois par mois.

 

C’est le moment de passer du temps sur le travail de fond permettant de consolider la qualité du dressage. « Je mets à profit les mois d’hiver pour retravailler les bases et intégrer ensuite de nouvelles difficultés techniques », explique Eugénie. Il est plus facile d’approfondir sereinement certains exercices délicats à aborder entre deux concours. « Les mois d’hiver m’ont permis de débuter les changements de pieds aux temps. Au cours de la saison de compétition, nous les travaillons moins pour éviter les confusions lorsque je demande les quatre ou trois temps ». Si l’hiver permet de revenir sur un travail de fond, de corriger certains défauts, il permet aussi de travailler sur de nouveaux objectifs, d’apprendre de nouveaux exercices, d’avancer dans le dressage de votre cheval. Alors que vous étiez confortablement installé dans la maitrise d’un niveau, la saison creuse est l’occasion d’innover, de découvrir, de gravir les échelons. « Je profite de l’hiver pour apprendre et commencer à m’exercer sur de nouveaux mouvements qui serviront pour les épreuves de niveau supérieur», explique Capucine.

 

Attention, si cela semble motivant, nouveauté rime souvent avec complexité. Alors que vous maîtrisez votre sujet, tourner la page du chapitre suivant risque de vous mettre en difficulté. Vous allez sortir de votre zone de confort. Or, votre moral est déjà fragile. Vous êtes fatigué, vous avez froid, vous êtes peut-être moins attentif, plus susceptible. Veillez à ne tester un mouvement jusque là inconnu que lorsque vous vous en sentez capable physiquement et psychologiquement. Mettez toutes les chances de votre côté de l’appréhender avec décontraction. Capucine recommande de « travailler les points faibles de la saison précédente tout en continuant d’améliorer les points forts », de quoi augmenter le niveau d’exigences tout en soignant votre confiance en vous. Ella estime précieuse cette période sans échéances. « L’hiver offre le temps d’étudier et de corriger les défauts majeurs de la saison passée pour reprendre les concours sur le bon pied ».  

 

Une perspective de quelques mois sans concours vous autorise également à diversifier l’entrainement. « En l’absence de concours, il m’arrive de travailler Crymlyn sur les barres. Quelques séances d’obstacle dans le mois nous changent les idées à toutes les deux » s’amuse Ella. « Pour entretenir notre complicité, je joue avec mon cheval en liberté », confie Capucine. L’hiver se prête particulièrement aux expérimentations comme par exemple des stages avec un intervenant extérieur. Eugénie a profité de la trêve de concours pour se rendre aux Pays-Bas pour un stage avec la cavalière olympique Adeline Cornelissen. « Prendre des cours avec un entraineur différent me permet d’approcher les difficultés techniques sous un autre angle qu’avec mes coachs habituels ».

 

De son côté, Ella explique qu’en saison de concours son planning d’entrainement s’adapte naturellement en fonction des échéances. Un équilibre et une routine se construisent autour des dates de compétition. Les mois d’hiver permettent plus de flexibilité laissant place à des expériences innovantes enrichissantes mais parfois déstabilisantes pour le couple.    

 

Si nous nous accordons à dire qu’il est indispensable de cultiver la motivation de son cheval, qu’en est-il de celle du cavalier ? Au delà des difficultés climatiques susceptibles d’amputer l’enthousiasme d’aller monter, il faut également évoquer les concessions voire sacrifices que demandent la pratique de l’équitation de manière assidue. « Bien sûr, je loupe un grand nombre de sorties et soirées entre copains, des réunions de famille », admet Eugénie «  mais j’ai conscience de vivre plein de belles choses grâce à la compétition ». La motivation va souvent de paire avec l’organisation. Détectez le moment qui vous convient le mieux pour aller monter en fonction de votre forme tout en gérant votre programme global. Il est important de vous laisser du temps pour des activités diverses avec d’autres personnes. Capucine essaye « d’organiser au mieux mon emploi du temps afin de continuer à allier l’entraînement, les compétitions et passer du temps avec mes amis et ma famille ». Finalement, comme le rappelle Ella, s’il faut accepter que le monde continue de tourner pendant que les cavaliers montent à cheval, « l’équitation est un sport chronophage mais avant tout une passion et le plaisir d’être avec les chevaux l’emporte toujours ».

 

Alors, ces conseils ont pu vous remotiver ? On en parle aussi dans le Conseil de Juge n°24 : des progrès en hiver.