Besoin d'aide ?

Technique Dressage : apprendre son texte

14/12/2018
Technique Dressage : apprendre son texte

Le dressage est une discipline complexe dont les exigences, multiples, sont de natures très variées.

Tout d’abord, elle demande au cavalier une maîtrise technique parfaite de son cheval dans le but d’exécuter avec précision une grande diversité de mouvements à un instant T.

Ensuite, elle requiert un degré remarquable d’élégance et d’harmonie dans l’optique de parvenir à la discretion des aides qui caractérise les meilleurs cavaliers.

Finalement, élément non négligeable, la compétition de dressage repose sur des textes de reprises imposés qu’il convient de retenir par coeur.

 

Connaître sur le bout des doigts un enchaînement de plusieurs minutes comptant parfois plus de trente cinq figures requiert de la méthode et de la rigueur.

 

Les jeunes médaillées de bronze des championnats d’Europe Children à Roosendaal en Août dernier, Mathilde Juglaret, Carla-Marie Dufil, Camille Calibet et Enora de Vienne ont accepté de nous confier leur secret pour apprendre et retenir efficacement un protocole.    

 

Avant tout, vous devez comprendre parfaitement la conformation géométrique d’un rectangle de dressage. C’est la condition sine qua non à la réalisation d’un tracé correct. Il mesure exactement soixante mètres de long et vingt mètres de large. Les lignes AC et EB le coupent en son milieu. La distance entre deux lettres est de douze mètres alors que seulement six mètres séparent le coin de la lettre la plus proche soit la distance entre le petit côté et respectivement H, M, F ou K.    

 

piste de dressage dimensions mesures

 

Pensez à vérifier la date d’édition du texte de votre reprise pour prendre connaissance de la bonne version. « J’imprime mes reprises et je les range dans un book pour qu’elles soient bien triées », explique Carla-Marie, de quoi les retrouver facilement et rapidement.

Afin d’éviter une panique de dernière minute, placez une copie dans vos affaires de concours pour un ultime coup d’oeil avant de vous mettre à cheval.

Lorsque vous apprenez votre reprise, veillez à étudier l’intégralité de votre protocole en ne vous limitant pas à la lecture de la colonne « mouvements » mais attardez-vous également sur la colonne intitulée « idées directrices » qui détaille les exigences du jury pour chacune des figures.    

 

Chaque cavalier doit trouver la méthode adaptée pour retenir parfaitement son texte.

Prenez suffisamment de recul pour comprendre la logique de votre reprise. D’ordinaire, on retrouve une forme de symétrie qui facilite la déduction des figures.

Dans tous les cas, n’apprenez pas votre reprise à la dernière minute. En vous préparant plusieurs semaines à l’avance, vous vous acclimaterez petit à petit à une série d’enchainements de trois ou quatre mouvements, par exemple « épaule en dedans, volte, appuyer » qui mis bout à bout formeront une reprise complète.

N’hésitez pas à vous inscrire à un concours d’entraînement avant de sauter dans le grand bain. C’est une excellente préparation dans des conditions réelles, la pression en moins. Sans enjeux à la clé, vous aborderez sereinement votre reprise en vous soustrayant aux appréhensions liées à la compétition, au jugement et au classement.    

 

Répéter sa reprise    

 

Apprivoisez le texte en déroulant plusieurs fois à la maison en amont de l’échéance.

« À l’entraînement, je ne déroule pas systématiquement mais je me familiarise avec la reprise en approfondissant un enchainement à chaque séance », précise Enora, pilier de l’équipe de France depuis déjà trois ans.

Comme sa coéquipière, Camille axe son entraînement sur la base du texte mais veille à ne jamais en abuser pour préserver son cheval. « Je déroule ma reprise environ deux ou trois fois dans le mois qui précède le concours mais les deux dernières semaines, je me limite à quelques morceaux par session seulement ».

Mathilde, vice-championne d’Europe, précise qu’elle alterne entre l’enchainement du travail au galop et celui des mouvements au trot. Pour Carla-Marie, dérouler intégralement une fois par semaine ou tous les dix jours devrait suffire. Cette fréquence est à adapter en fonction du programme de concours.

À l’abord d’un championnat, Mathilde conseille de se focaliser d’avantage sur la reprise qualificative dont le classement déterminera la participation aux étapes suivantes.    

Si vous en avez l’occasion, vous pouvez reproduire cette même reprise avec un autre cheval. Ainsi, aucun risque que votre partenaire habituel anticipe voire pire se fatigue et se lasse.

C’est le cas de Mathilde qui du haut de ses treize ans a la chance de monter des chevaux différents à domicile. « Cela me permet de développer de bonnes sensations, de prendre de bonnes habitudes ».

Si les infrastructures le permettent, changez de piste après une détente et commencez par faire le tour de la carrière comme vous le feriez en concours. Débutez votre reprise sans négliger l’entrée qui donnera aux juges une précieuse première impression. Montez les mouvements dans l’ordre habituel.

Lorsque vous rencontrez une difficulté, reprenez cet exercice en particulier. Si à la deuxième tentative l’erreur est répétée c’est peut-être qu’il faut revenir à des exercices préparatoires. Tranquillement, en accordant suffisamment de pauses à votre cheval, parcourez de cette manière l’ensemble de la reprise.

Elle se débobine sans heurts du début à la fin ? Vous êtes fin prêt pour le concours. Ce n’est pas tout à fait le cas et quelques bricoles posent problèmes ici et là ? Pas d’angoisse ! D’une part vous avez encore du temps pour approfondir votre prestation puisque vous vous y êtes pris à l’avance, d’autre part compétition ne veut pas dire perfection.

Le tout est d’être lucide en vous fixant des objectifs atteignables au moment des engagements. Inutile cependant de prendre le départ dans une reprise comprenant des changements de pied en l’air s’ils ne sont pas confirmés à 100%. Il est rare que les miracles arrivent le jour du concours …    

Vous pouvez également reproduire la reprise à pied en délimitant un espace de taille proportionnelle au rectangle. Si vous êtes sportif, à l’image de la jeune Camille, échauffez-vous en parcourant la reprise au pas de course avant de vous mettre en selle. Si vous avez une mémoire kinesthésique, cette méthode pourrait s’avérer appropriée.

L’enregistrement de chacune de vos sensations lors d’une reprise parfaitement exécutée sera la clé de votre apprentissage. Vous pourrez ainsi les reproduire à la demande, à pied comme à cheval. Le simple fait de bouger réveillera vos sens et éveillera votre mémoire de la reprise idéale.

   

prépare un concours de dressage

 

Dessiner le tracé    

 

Pour certains cavaliers ayant une mémoire photographique, dessiner la reprise sur du papier ou sur un tableau Velleda aide à se souvenir de l’enchainement.

« Je prends le temps de lire ma reprise plusieurs fois et ensuite j’ai pour habitude d’en crayonner le tracé sur un rectangle que j’ai délimité sur une feuille de papier. Pour être claire, je dessine ma carrière sur une feuille blanche et place toutes les lettres. Ensuite, je trace tout l’enchaînement avec mon doigt », éclaircit Mathilde.

La géométrie des cercles et des diagonales, parfois agrémentée d’un code couleur (par exemple le trot en bleu, le pas en rouge et le galop en vert), peut aider à distinguer les allures en créant un motif explicite à mémoriser.

Il n’est pas forcément dramatique de rencontrer des difficultés à retenir la place des lettres autour du rectangle. N’hésitez pas à opter pour une alternative en énonçant   plutôt « première lettre, deuxième lettre, lettre du milieu, avant dernière lettre, dernière lettre ».    

 

Réciter pour apprendre    

 

Si votre mémoire auditive surpasse votre mémoire visuelle, d’autres possibilités s’offrent à vous. Telle une poésie, certains préfèrent lire le texte puis couvrir le protocole en récitant le tracé appris par coeur. À la première erreur, reprenez depuis le début jusqu’à atteindre l’arrêt final sans tergiversation. Quand vous êtes prêt, récitez la reprise à un ami qui suivra le texte et vous fera signe en cas d’erreur ou imprécision. Vous pouvez même envisager d’y associer une mélodie si une version chantée vous inspire.

La simplification peut elle aussi vous faciliter la vie. Une version courte est susceptible de mieux marquer votre esprit. Préférez alors « grande diagonale, épaule de dedans, volte, appuyer » à « MXK trot allongé, K transition au trot rassemblé, KAF trot rassemblé, FB épaule en dedans à gauche, B volte de huit mètres à gauche, BG appuyer à gauche ».

Pour d’autres au contraire, apprendre sa reprise ne signifie pas seulement connaître le tracé mais aussi retenir avec précision la préparation en amont de chaque exercice. « A entrée au galop, X arrêt, depart au trot, C piste à droite » peut alors se décliner en « A entrée au galop, je me grandis, je regarde le président du jury droit dans les yeux, je garde le cheval droit sur mes deux rênes, je rassemble quelques mètres avant X, etc … ».

À vous d’opter pour la formule la plus adéquate. N’hésitez pas à enregistrer le récit de votre reprise avec un dictaphone. Il vous suffira d’écouter en boucle la bande son pour absorber les informations. Vous pourrez ainsi diffusez la piste audio à tout instant, au calme dans la voiture ou au moment de l’endormissement.    

 

apprendre sa reprise de dressage

 

Visualisation et imagerie mentale     

 

La visualisation permet de se représenter entre autres une situation ou une sensation. Si vous êtes réceptif à cette méthode, représentez-vous de manière systématique tous les éléments de votre reprise avec des images précises : le rectangle de dressage, l’attitude souhaitée de votre cheval,  son rythme dans l’allure, les caractéristiques détaillées de chaque figure, la position que vous devriez emprunter… Répété de manière intensive, cet exercice pourrait conditionner votre organisme alors plus susceptible de se conformer au scénario envisagé.

« Avant une reprise, je fais des exercices de concentration où je visualise ma reprise et comment elle devrait se dérouler », dévoile Carla-Marie. Avec un sens minutieux du détail, elle précise penser à ce qu’elle doit faire et comment elle va devoir le faire simultanément à l’énonciation de son tracé. L’imagerie mentale permet de vivre inconsciemment une expérience au plus proche de la réalité.

En amont de la compétition, imaginez vivre une reprise sans faute, une réussite. Votre cerveau va l’emmagasiner comme une expérience réelle mettant en place certains automatismes. Il est important de stocker des visualisation positives, une victoire plutôt qu’une défaite.

Cette préparation demande une concentration intense comme le précise Enora, « je tiens à m’isoler pour me remémorer ma reprise. Je m’assieds, je ferme les yeux, je me recentre sur l’essentiel ». 

Certains cavaliers trouvent propice le moment de la préparation du cheval pour un dernier point en toute sérénité, en osmose avec son partenaire. « J’ai besoin d’une heure de calme pour me concentrer en préparant mon cheval », analyse Mathilde. « C’est moi qui natte Scarletto, qui le selle. Je me concentre avec lui et je monte ma reprise plusieurs fois dans ma tête pour m’aider à garder mes points de repère et ne rien oublier ».    

La visualisation peut se faire d’une perspective interne ou externe. Dans le premier cas, imitez Enora qui s’imagine être en selle en train de dérouler sa reprise. Appréciez la trajectoire avec votre propre regard de cavalier et détaillez chacune de vos actions au fur et à mesure que les mouvements approchent.

Dans le second cas, vous êtes spectateur de votre acte. Vous êtes en bord de piste en train d’observer votre propre prestation. Rien ne vous empêche de passer d’un point de vue à l’autre. Cette seconde stratégie correspond à la projection d’un film. Vous pouvez d’ailleurs tout à fait entreprendre de filmer votre reprise à l’entrainement ou en concours afin de conserver précieusement une version satisfaisante que vous pourrez ensuite regarder à souhait. 

« Il m’arrive même de regarder sur internet des vidéos d’autres couples déroulant la reprise en question pour mieux la visualiser », admet Carla-Marie. Le moment de se coucher est souvent recommandé pour un dernier visionnage.    

Pour Mathilde, le travail de mémorisation se poursuit en aval de la compétition puisqu’après une échéance, elle tient à re-visualiser son épreuve pour en cibler les faiblesses, tâcher de les comprendre pour les corriger à l’avenir.

« Je me remémore les erreurs et les imprécisions que j’ai pu commettre et j’en parle avec mes entraineurs qui m’aident à en faire l’analyse. Ensuite, on retravaille là-dessus pour être meilleurs sur le concours suivant ».

D’un concours à l’autre, le tracé va se peaufiner et la cavalière pourra affiner ses demandes en fonction des expériences précédentes. « Après une épreuve, je regarde toujours la vidéo de ma reprise plusieurs fois mais le soir, à froid et au calme », révèle Carla-Marie. « Comme cela, j’ai pu débriefer avec mon entraineur, lire mon protocole. Le premier visionnage permet de me rendre compte de la réalité visuelle par rapport à mes sensations à cheval. Le second m’aide à apprécier la technique, notamment la justesse de mon tracé ».    

À votre arrivée sur le terrain de concours, installez-vous au bord de piste et servez-vous du rectangle pour imaginer votre reprise. Cet exercice est indispensable pour les cavaliers qui ont des problèmes d’orientation. En effet, certains peinent à se repérer dans l’espace s’ils ont le sentiment que la piste est « à l’envers » par rapport à leurs habitudes, si par exemple l’entrée autour du rectangle depuis la détente se fait du côté de C par opposition à l’entrée vers A à domicile.

Lorsque les horaires le lui permettent, Mathilde aime regarder les cavaliers précédents dérouler la même reprise. « Cela me permet de m’assurer du tracé. C’est une façon de me « mentaliser » pour l’épreuve et de prendre des points de repères visuels sur la piste ». Songez à anticiper à voix haute le prochain mouvement pour vous assurer de dominer le sujet.    

 

Pour conclure

 

En définitive, la reprise n’est parfaitement sue qu’une fois le cavalier capable de la réciter de A à Z sans hésitation aucune. Elle est totalement maitrisée dès lors qu’il est capable d’être interrogé sur n’importe quelle figure en répondant du tac au tac à chaque question de type  « quel est le premier exercice après le départ au galop ? ».

Si malgré vos efforts vous faites une erreur de parcours et que le juge en C vous sonne, pas de panique. Reprenez vos esprits, assurez-vous de savoir où l’erreur a été commise. N’hésitez pas à demander au juge par où reprendre la suite. Certes vous venez de perdre 1% mais rien n’est joué. Le tout est d’éviter une surenchère de fautes en vous précipitant.

Prenez une grande inspiration, repérez-vous sur le rectangle, remettez votre cheval en route dans la bonne allure et faites le vide dans votre tête. Reprenez le cours de votre épreuve sans ressasser ce contre temps. Focalisez-vous sur la suite, vous aurez besoin de toute votre concentration pour assurer une bonne fin d’épreuve en espérant rattraper les points perdus.

 

Cet article vous a aidé ? Nos 3 conseils pour être performant en concours pourrait vous intéresser !